Dernier message de l’année 2017. Comme vous savez j’ai deux passions dans la vie la radio et l’aviation. Ma troisième passion je la dédie à la race féline, oui j’adore les chats comme Sylvie ma compagne. Notre premier fut une chatte Européenne répondant au nom de « Princesse » morte à 14 ans d’un cancer mammaire, ensuite nous avons récupéré dans une ferme de Saint Bonnet près d’Orcival en Auvergne un chaton ce prénommant « Frimousse ». Pour imager il est actuellement confortablement installé dans mon fauteuil de bureau à mes côtés, et j’écris ces lignes assis sur un inconfortable tabouret. Je vous parle de mon chat car aujourd’hui je suis allé voir un très beau film Turque sur les chats d’Istanbul, la qualité des prises de vues de la grande ville turque à cheval entre l'Europe et l'Asie, le détroit du Bosphore et la vieille ville. Je ne peux pas m’empêcher d’associer à cette ville le romancier et officier de marine Louis Marie Julien Viaud dit Pierre Loti dont son premier roman AZIYADE ce passe à Stamboul. Comme vous savez les écrivains, fréquemment, apprécient la compagnie des chats. Pierre Loti ne déroge pas à la règle. Entre ses voyages d’officier de marine en Afrique, en Asie ou en Extrême-Orient, la maison familiale était son havre de ressourcement, auprès de sa vieille mère et de sa vieille tante Claire. C’est là qu’il entreposait les «trésors» qu’il ramenait de ses expéditions, et notamment la moumoutte chinoise ramenée d’Annam. Mais, que sont les moumouttes? « Qu’on me pardonne de les appeler l’une et l’autre «Moumoutte». D’abord je n’ai jamais eu d’imagination pour donner des noms à mes chattes : Moumoutte, toujours; - et leurs petits, invariablement: Mimi. Et puis vraiment il n’existe pas pour moi d’autres noms qui conviennent mieux, qui soient plus chat que ces deux adorables: Mimi et Moumoutte. Je garderai donc aux pauvres petites héroïnes de ce récit les noms qu’elles portaient dans leur vie réelle. Pour l’une: Moumoutte Blanche. Pour l’autre : Moumoutte Grise ou oumoutte Chinoise.» Elles vont cohabiter toutes deux, les deux moumouttes, et c’est leur histoire que nous conte Pierre Loti, très impliqué dans son rapport avec les chattes, qui lui font malheureusement prendre conscience des dégâts du temps qui frappent aussi sa mère et sa tante. « ll me semblait que sa mort était le commencement de la fin des habitants de cette maison; dans mon esprit, cette moumoutte était liée, comme un jouet leur ayant longtemps servi, aux deux gardiennes bien-aimées de mon foyer, assises là sur ce banc et à qui elle avait tenu compagnie pendant mes absences au loin. Mon regret était moins pour elle-même, indéchiffrable et douteuse petite âme, que pour sa durée qui venait de finir. C’était comme dix années de notre propre vie que nous venions d’enfouir là dans la terre …» C’est une terreur constante qui revient dans ses écrits que cette certitude, un jour, de ne pas retrouver les deux vieilles aimées qui constituent son ancrage à la terre, à son histoire, à sa vraie vie; celle de l’enfance. De très belles pages d’amour avec deux chattes comme en apprécient ceux qui distinguent ces animaux parmi tous les autres. Pour en revenir à ce documentaire touchant, instructif, humain et félin ! Il faut dire que depuis des siècles, des centaines de milliers de chats vagabondent dans les rues d’Istanbul. Sans maîtres, ils vivent entre deux mondes, mi sauvages, mi domestiqués et apportent joie et raison d’être aux habitants. KEDI raconte l’histoire de sept d’entre eux… Véritable figures de l’Internet, les chats sont partout sur nos écrans, le plus souvent pour leur côté attendrissant mais surtout pour leurs gaffes comiques. Pourtant, que savons-nous réellement d’eux, tout particulièrement lorsqu’ils sont libres ? Et que disent-ils de nous ? Il fut un temps ou cet animal gardait de son mystère, voire avait un côté divin lorsqu’il était le compagnon privilégié des pharaons. Il aurait été facile pour la réalisatrice CEYDA TORUN de se pencher sur le phénomène viral et surfer sur l’actualité, mais ayant une formation d’anthropologue c’est un autre angle d’attaque qui est à l’origine de ce projet. En suivant et décortiquant la vie de sept chats dans les rues d’Istanbul et leurs interactions avec les habitants, c’est finalement un portrait de la ville qui se dessine, ainsi que de tous les Stambouliotes, tout en redonnant au chat une dimension sacrée.
Julien Viaud, néà Rochefort-sur-mer en 1850, fut à la fois romancier et Officier de marine. Il avait une personnalité intéressante, grand voyageur et aficionado des chats. Lors d'un de ses voyages, il rencontra à Tahiti la reine Pomare qui l'appela Loti, du nom d'une fleur locale. C'est ainsi que Julien Viaud prit comme pseudonyme Pierre Loti. Pierre Loti aimait l'exotisme ainsi que le prouve sa maison de Rochefort, devenue un musée.
Il aimait s'y réfugier entre deux voyages en compagnie des femmes de sa vie et y retrouver ses chats. Il en eut beaucoup. Son enfance fut bercée par M. Souris dit "la Suprématie". Il eut aussi Ratonne, Belaud, Belkis qu'il baptisa à Istanboul ce qui fit scandale, Kedi-Bey (Seigneur Chat en Turc), Pamouk, le plus célèbre, angora noir qu'il ramena de Turquie dans son Rochefort natal. En 1907, Loti écrivit "Vies de deux chattes" qui relate ses relations avec Moumoutte Blanche qui vivait à Rochefort et Moumoutte Chinoise qu'il ramena d'Asie. Il fit même graver des cartes de visite au nom de " Madame Moumoutte Blanche et Madame Moumoutte Chinoise", respectivement première et seconde chatte chez Pierre Loti. En 1908, il devint Président d'honneur de la Société protectrice des chats. Pierre Loti parle souvent de chats dans ses œuvres et surtout de leur âme et leur mystère.
"Dans notre ignorance de tout, notre impuissance à rien savoir, quel étonnement (et peut être quelle terreur) il y aurait à pénétrer, par les étranges fenêtres de ces yeux, jusqu'à l'inconnaissable de ce petit cerveau cache derrière,.. Mais non, jamais, jamais, il ne sera donnéà aucun de nous de rien déchiffrer, dans ces petites têtes câlines qui se font si amoureusement, caresser, tenir et comme pétrir dans nos mains."
Il évoque à plusieurs reprise l'âme des chats qu'il entend à certaines heures du jour." Évoquant une de ses chattes, il dit d'elle : "il fallait que mes yeux fussent pour elle des yeux, c'est à dire des miroirs ou sa petite âme cherchait anxieusement à saisir le reflet de la mienne. Son amour pour les chats le pousse à s'indigner devant la maltraitante comme dans "Noyade de chat". Il reconnaît avoir parfois plus de pitié pour eux que pour les humains : "et j'ai peut être plus de pitié encore pour ces âmes des bêtes que pour celles de mes frères parce qu'elles sont sans parole et incapable de sortir de leur demi-nuit, surtout parce qu'elles sont plus humbles et plus dédaignées".
KEDI DES CHATS ET DES HOMMES | BANDE ANNONCE VF (2017)